Haut

Love, nous et York

Même à seulement sept heures d’avion, c’est déjà le bout du monde pour moi. À chaque fois que je m’éloigne un peu, je me sens parachutée dans un autre univers. Et là j’ai plus mes montagnes ni mon air frais mais bazar de bonsoir, qu’est-ce que j’ai aimé ! Je me souviens particulièrement de trois moments qui nous ont marqués en plus des hamburgers super gras mais super bons, des buildings super hauts mais super beaux, des américains super américains et super accueillants.

Des lumières plus brillantes qu’ailleurs, d’un Times Square ultra cliché et tellement éloigné de notre quotidien que ça nous pique les yeux d’exubérance. Et on aime tout ça, tout ce qui est différent, parce qu’on n’a jamais vu. On est comme des enfants.

Dimanche matin
à Harlem

On est un peu loin de la grosse ville, le ciel a fini de se faire gratter par les toits. On s’est levés tôt ce matin, la messe de 9h, on veut pas la louper, c’est pas celle des touristes, nous on veut du vrai. On s’installe, on n’est pas nombreux, juste assez pour observer ceux qui sont autour de nous. Il y a la mamie super sapée derrière qui chante fort et faux, celle qui ferme les yeux à longueur de temps pour mieux prier, un prêtre sorti tout droit d’une série américaine qui se fait sans arrêt interpeller par un fidèle criant et levant les bras. On est bien loin des messes à la française où un simple atchoum peut perturber l’assistance. Et puis cette capsule 2 en 1 contenant le sang du Christ ou plutôt du jus de raisin et l’hostie. La classe à l’américaine. « Alleluia ! » Voix grave, regard vers le ciel, on adore ! Yes we love, love, love !!! Et bien sûr, we cry, cry, cry…Mais qu’est-ce qu’on a pleuré. Et puis on était là tous les deux, comme venus de nulle part, suspendus à cet instant unique. Et ça c’est trop fort de l’avoir partagé ensemble. Ce genre de messe, ça fidéliserait un athée qui ne parle pas un mot d’anglais. Comme nous quoi, sauf qu’on croit quand même un peu. La messe se termine par une embrassade, on s’est tous serrés fort dans les bras, on ne s’était jamais vus mais on s’en fichait, en ce court instant, on s’aimait déjà. J’ai beaucoup pensé à ma famille pendant ce moment, à ceux qui ne sont plus là aussi, j’aurais tellement aimé qu’ils voient tous ça. C’était beau. Paradoxale heure loin du matériel, de la ville qui bat très fort, ça c’était juste du sentiment et de la communion.

Changement
de décor

Bien sûr qu’on ne viendrait pas à New York sans voir un match de NBA. Bon, on hésitait avec le hockey sur glace mais la place à 250 $ nous a un peu refroidis. On est allés à Newark pour voir les Nets contre les Clippers. Jamais vu une salle aussi grande, des tribunes aussi hautes. Nous, on est au deuxième rang… en partant du haut. Autour de nous les supporters des Nets, avec les drapeaux, les cocas XXL et les burgers. Dans la salle, on ne compte pas le nombre de restos dont McDo bien sûr, c’est faramineux. Bon, pour se mettre dans l’ambiance on prend aussi notre petit gros burger.

On s’assoit assez tôt pour voir la salle se remplir et changer de température. Avant le match, spectacle de danse. Place sur le parquet aux papis et mamies survoltés qui balancent leurs jambes et bougent leur corps sur l’air de LMFAO I’m sexy and I know it. Certains arrachent leur pantalon pour dévoiler un slip plus ou moins sexy, certaines octogénaires font bouger leur fesses à faire pâlir les jeunettes.

Bref. De toute façon ici quoi que l’on fasse ou que l’on voie, on n’est jamais dans la demi-mesure. Kamel Ouali n’a qu’à bien se tenir. Le match est énorme, ça joue, c’est rapide et ça t’emporte alors que c’est pas ton sport de prédilection. Nous on est à fond aussi, on sait pas trop qui encourager donc on se range avec les voisins d’à-côté. Notre équipe c’est donc les Nets. Tant qu’à faire, autant partager l’émotion. Et puis on a bien fait. Il reste 10 secondes, 100 à 98 pour les visiteurs, les Clippers de Blake Griffin, l’un des meilleurs dunkers de la ligue cette année-là. Plus que 7 secondes à jouer, balle à nous, remise en jeu à plus de 20 mètres du panier, Deron Williams tire et marque. 3 points, 101 à 100, la salle devient folle et nous aussi. Yeeeahhhhhhh !!!!!! Même à l’autre bout du monde, le sport est beau, pour ce qu’il fait partager, c’est une passion qui rassemble.

Et puis on est allés voir ce qu’il se passait en haut, voir dans quelle sorte de monde on avait atterri

D’habitude, notre ligne d’horizon est plus loin. Là-bas, elle s’arrête à chaque coin de rue, comme si le ciel avait une toute petite place. Alors on monte tout en haut de l’Empire State Building en début de soirée, gratte-ciel de 381 mètres. Il fait très froid ce soir-là. Arrivés en haut de l’ascenseur, c’est déjà impressionnant pour moi qui ai le vertige. On est très très hauts, on est debout au milieu du ciel, et le temps n’est plus le même. Il neige, c’est magique. Improbable instant, on a tout décortiqué, on est l’oeil de New York. C’est une sensation quand même étrange que tu sois en haut ou en bas, tu te sens tout petit. De notre petite et belle France on n’a pas tout ça, c’est pas qu’on se sent étouffés ici mais on devient une toute petite partie du monde. La vie prend une nouvelle dimension mais on garde toujours, guidés par la dame brandissant la flamme, le bon goût de la liberté…