Quand on partait sur les chemins
De Pau en Estonie, Julie, de la boutique Suzani, déniche les artisans créateurs pour lesquels elle a le coup de coeur. Chemin faisant, découvrez ces artisans, qui dans leurs ateliers, se sont révélés.
Chez Julie
Boutique Suzani.
Julie a cousu ce fil invisible qui relie subtilement ses deux mondes. Le salon de thé / restaurant healthy et sa galerie d’artisanat d’art.
Elle qui biberonne les magazines de déco et déniche des créateurs charismatiques, sait aussi révéler ses talents de cuisinière dans ses plats délicatement dressés. Le tout lié comme une évidence. Servis dans des assiettes Jars ou une vaisselle Marine Feuillerat, les plats sont mis en scène. Tout a un sens. Le monde de Suzani.
« Tout ce qu’on voit là, c’est l’âme de ma grand-mère Jacqueline. Elle savait recevoir. Ses tables aux thématiques différentes, son univers boudoir. Et elle cuisinait merveilleusement bien, avec des saveurs ouvertes sur le monde. Tout y était. Ce sens de l’accueil si fort, je lui dois beaucoup. »
Suzani, c’est en quelque sorte la deuxième maison de Julie. Son terrain de jeu à elle. D’un côté, le salon de thé, ses gâteaux faits maison, ses petits plats créatifs et healthy. De l’autre, sa boutique galerie d’art. Là où commence notre voyage.
Un voyage de rencontres, où de maisons en maisons, d’artistes en créateurs, d’idées en projets, les yeux de Julie se sont émerveillés. « Je m’attache aux gens, à ce qu’ils racontent et à la qualité de leurs créations. Ce sont mes coups de coeur. » Elle est si pointue Julie. C’est toujours poétique, c’est toujours pile là où il faut. Une qualité d’artisans d’exception qu’elle met en lumière dans sa boutique. On est partis avec elle dans leurs ateliers. Là où la création commence et ne s’arrête jamais. Voyage.
Suzani
05 59 60 36 08
2 bis rue Saint-Louis
64000 Pau
www.suzani.fr
Illustrateur / graveur Michaël Cailloux
Céramistes Olivia Pellerin / Eloïse Dubois / Marine Feuillerat / Kaolin’e / Atelier
sur la rivière / Kira Ni
Manufactures Jars / Gien
Peintres sur porcelaine Véronique Joly Corbun / Myriam Dupland
Maroquinerie Bois Damien Béal
Textile Contraires / Le Pompon / Talena&Louison / Pique&Colegram /
Sculpteurs Valentine
Herrenschmidt / Cécile
Chareyron / Aurélie Dupont
Bijoux Jeannette / La Petite
Françoise / Maison Abel
Chez Atelier Cousu Français
Maly et Camille.
Les couturières et bien plus encore du fabriqué en France.
Maly nous reçoit dans cette tenue pure en lin blanc. Derrière la vitrine, la collection by Cousu Français si élégante et intemporelle laisse entrevoir son petit atelier de confection où les petites mains s’affairent. De fil en aiguille, les collections des créateurs prennent vie de matières et couleurs…
« J’ai senti que c’était le bon moment dans ma vie pour me lancer dans cette nouvelle aventure, raconte Maly. Avec mon amie Cam qui m’a rejoint en tant que modéliste, nous confectionnons les projets de créateurs et marques de prêt-à-porter, dans un savoir-faire français, avec une belle qualité. » Cam, c’est Camille. Toutes les deux ont des compétences complémentaires et sont du style à pouvoir se comprendre sans parler. Maly côté stylisme mais aussi gestion de projets et commercial, Cam côté technique, leur champ cousu main s’étend dans toutes les étapes de création d’un textile. Stylisme, modélisme, patronage, prototypage, gradation, production… elles naviguent entre les piqueuses plates, les pose boutons, les surjeteuses… « Notre volonté est de pouvoir proposer aux créateurs de petites et moyennes séries. En ce moment, on confectionne la collection de vêtements enfants pour la marque rétro Petite Corto, on est fières de s’inscrire dans l’histoire locale. » Sur les portants, des produits de la marque Bohmy de Saint-Jean-de-Luz, des barboteuses à croquer de la nouvelle marque Polisson Création et des tee-shirts pour la marque pyrénéenne Goïat… et la collection créée par Maly en personne signée Cousu Français. Tout est si pur, si bien fait, si soigné. C’est beau comme la passion que Maly dégage. C’est une beauté à la française.
Atelier Cousu Français. Maly et Camille.
Les couturières du fabriqué en France.
06 58 01 55 81
11 rue des Cordeliers
64000 Pau
www.cousufrancais.fr
Du lundi au vendredi
9h30 – 17h30
Chez Marie Contraires
Couturière et maman quatre fois.
Il n’y a qu’une sorte de Marie comme elle. Marie Contraires.
Ses 10 années de médecine passées, ses 4 enfants, son rôle de super maman, et ses dix doigts de fée. Aujourd’hui, sa voie créative est comme toute tracée. Le fil de sa vie l’amène à devenir couturière artisan d’art, une autre façon d’être à l’autre, cette fois par la création. Alors Marie partage ce qu’elle a à donner. Accompagnée de cette énergie si forte que l’on ressent avec elle.
Les matières vivent dans les mains de Marie. « Je les aime toutes dès qu’elles sont naturelles. Le coton, le lin, la laine… on doit s’adapter à elles, les apprivoiser, et les laisser s’exprimer… » Dans son univers, le Liberty fleuri hyper quali se transforme en chemises tendances. Sur la table grandeur couture, des découpes de liège chic et légèrement pailleté s’associent aux motifs doux et fleuris pour une collection de trousses de toilette.
« Je teste toujours mes accessoires, mes trousses, tout. Rien de mieux que de vivre avec et d’approuver leur solidité. Mes créations doivent accompagner les gens dans leur quotidien. » Marie, c’est un goût pointu des belles choses. Ses pièces se démarquent par le choix des matières et surtout par des finitions magnifiques. Ses manteaux, ses sacs, sont révélateurs de son savoir-faire d’artisan. « J’aime confectionner mes manteaux en pensant à la personne qui va investir pour quelque chose de durable et fait main. Ça a un sens pour moi. » Un concentré de techniques en éditions limitées. C’est beau, et c’est fait avec le coeur. Ce n’est pas Marie qui vous dira le contraire…
Marie Contraires
Couturière artisan d’art
Chez Manon
Les Poussières.
L’artiste qui s’invite dans les moments de vie.
Elle crée en pensant à ceux qui vont partager un instant. Ces moments de convivialité qui restent gravés dans les coeurs. Autour d’une tasse de café, d’un verre, d’une assiette dressée, d’un bijou offert…
Manon inonde de sa douceur. Elle est intuitive, à la rencontre d’une matière qu’elle rend vivante. « La céramique, c’est une liberté de recherches infinie, de formes, de couleurs. Des créations pour que d’autres personnes partagent. » Et tant pis si le temps use. « C’est fait pour vivre avec nous. Il ne faut pas sacraliser l’objet. » Manon aime travailler la terre avec
des matières antagonistes. Elle la contraste avec des aspects métalliques ou de la dorure comme les bijoux de sa future collab’ qu’elle peaufine. « J’adore travailler à plusieurs mains autour d’un projet. Des visions différentes qui se croisent et des savoir-faire qui se complètent. Comme ma présence en résidence chez Hybride, les ateliers, c’est une source d’idées, de richesse créative. » Que ce soit dans ses bijoux, sa vaisselle ou sa déco, Manon réussit visuellement un assemblage de subtiles nuances qui captent dans ses céramiques ses souvenirs.
« Mes formes et mes couleurs naissent de l’expérimentation de la matière, de ma vie, de mes voyages, de mon enfance… » En ce moment, elle a choisi le turquoise, la nostalgie de sa Méditerranée. Avec le soleil qui n’a pas fini de briller, les beaux jours de Manon auront encore de belles poussières de vie à créer…
Manon, Les Poussières
L’atelier s’installe au 11 rue de Bordeu
à Pau 64000, chez Ateliers Hybride
www.les-poussieres-ceramique.com
Chez Bloom
Yon, Hugo et Alexis.
Les jeunes créateurs d’encens français, naturel et fait main.
Ça sent bon l’audace, la créativité et l’amitié chez ces gars-là. Ça sent bon l’avenir tout tracé. Un avenir aux odeurs de bois de santal, de muscade ou de jasmin. Comme cet encens que Yon, Hugo et Alexis fabriquent de leurs mains dans leur appartement tarbais aux allures de labo.
En entrant, on aperçoit ces petits bâtonnets d’encens fabriqués fraîchement le matin, séchant à la lueur d’un rayon de soleil. Et les trois potes sont là, entre rires et concentration. Ils ont l’équilibre parfait, la recette unique, le dosage subtil. « On a beaucoup cherché, testé, senti, ressenti pour trouver la bonne équation », raconte Yon. « Des mois à faire notre petite cuisine dans le garage de mes parents, qui a changé d’usage. » Ils se regardent fièrement en repensant aux débuts de leur nouvelle marque Bloom (floraison, en anglais) qui, comme une fleur, n’a pas fini de s’épanouir. Alexis évoque leur engagement. « On voulait un produit de qualité, fait main et sain. L’encens est souvent associé au monde du bien-être. Pourtant, les produits sur le marché peuvent être toxiques sur du long terme. Nous, on choisit les matières premières pures, on les assemble en respectant comme en parfumerie le principe de la pyramide olfactive : note de tête, de coeur et de fond. » Sur la table, les bâtonnets ont pris place dans leur écrin aux couleurs scandinaves. Effluves de jasmin, Palo Santo et Benjoin pour le coffret Dragon Fly ou muscade, mandarine et bois de santal pour Bubble Shell. Hugo nous raconte que Bloom a commencé à laisser échapper ses parfums vers d’autres horizons. États-Unis, Japon, la fleur va cultiver son grand jardin…
Bloom. Yon, Hugo et Alexis
Les jeunes créateurs d’encens français, naturel et fait main.
encens-bloom.fr
Chez Myriam Dupland
Peintre sur porcelaine et amoureuse de la nature.
Myriam. Ce prénom aux origines hébraïques signifie « celle qui élève ». C’est tout à fait elle. Myriam élève à l’art, son art de peintre sur porcelaine. Elle éveille, réveille en chacun son pouvoir de création, transmet.
Dans sa grande maison, elle entre dans son atelier lumineux où s’entreposent ses porcelaines poétiques. La pétillante Myriam a beaucoup voyagé dans sa vie. Alsacienne de naissance, après 20 ans passés à Berlin, elle rentre en France puis s’évade vers les froids russes ou slovaques, avant d’adopter la nature florissante de Guyane. « Ce département français d’Amérique du Sud m’inspire. Les collections Or vert, Or bleu, Empreinte sont le prolongement de ces paysages. » C’est sûr, elle et ses yeux sont connectés à la nature. Elle y passe du temps. La couleur des pigments, le travail à l’éponge, au pinceau ou à la plume rappellent la douceur d’une rivière, la fraîcheur d’une plante ou l’âme d’un crépuscule. Comme sa dernière collection Brume. « J’aime travailler le soir, parfois je ne m’arrête plus. J’ai créé mon univers, j’ai un trait qui m’appartient, un coup de plume différent et dans la souplesse. » Comme sa signature si unique qu’elle seule peut reproduire, son empreinte en dessous de chacune de ses créations. Comme Myriam est dans le partage, que son art déborde au delà d’elle-même, elle propose des cours. « J’ai un pouvoir : la transmission. J’aime apprendre à travailler avec beaucoup de liberté. Il faut assumer son style. » Le style de Myriam, lui, se reconnaît tout de suite. Jusqu’à cette assiette de fourmis noires en équilibre si singulière et peinte délicatement, qu’elle a joliment nommé Sans issue de fourmis. Inspirante, inspirée, Myriam est un tourbillon de couleurs qui donne à voir.
Myriam Dupland
Artisan peintre sur porcelaine
06 89 01 14 37
2 impasse des Pyrennées
64420 Andoins
www.myriamdupland.net
Chez Myriam Aït Amar
Céramiste en porcelaine et sans doute fée de son art.
Comme le disait Voltaire « la beauté plaît aux yeux,
la douceur charme l’âme ». Les collections de Myriam Aït Amar ont les deux. Son atelier à Forcalquier, bercé par le bruit des cigales de Provence, abrite les céramiques en porcelaine d’une créatrice remarquable.
On ressent chez Myriam à la fois de la douceur et du caractère. Elle se souvient de cette rencontre qu’elle a faite à l’école avec la matière. C’est certainement que la matière se devait aussi de la rencontrer. « Je crée dans le laisser aller. Je ne veux pas m’enfermer dans des cases. On est plein de choses, on évolue, on vit. Il y a le temps, la mémoire, le mouvement. Je crée parce que ça me fait rêver et j’aime amener les autres à rêver avec moi. » Dans ses rêves, on y embarque. Ses inspirations sont sa vie. Elle a capturé ses souvenirs dans ces objets comme pour les rendre immuables, éternels. La collection Albertine, du nom de son arrière-grand-mère, est une poésie entre porcelaine parfois légèrement poudrée de rose et dentelles texturées sur la matière. Albertine offrait ses coupons de dentelle à Myriam qui les a gardés si précieusement. Sur les lampes, les assiettes, les bols, les tasses… des éclats dorés racontent l’histoire de son papa, berbère du Sud du Maroc. « Dans ma famille, les femmes étaient tatouées au visage. Dans ma première collection, j’ai repris ces lignes, leurs symboles. » Mais rien n’est systématique chez Myriam, elle est là, la beauté de ses créations. « S’il y a du berbère ou de la dentelle, c’est parce que je le ressens, s’il y en a pas, c’est qu’il n’avait pas sa place à cet instant. Il m’arrive de mélanger les univers de deux collections. » Ou d’apporter une touche de noir, son côté brut et masculin, comme dans « Ô ciel nuit », cette constellation sombre, qui lui fait penser au passage des nuages, à l’usure des miroirs, du temps. Ce temps, si précieux pour créer,
qui fige ses instants d’elle
en objets d’art…
La féerie commence quand un regard se pose. L’histoire et le mouvement semblent capturés, sans métamorphoses. C’est de la magie, celle qui fige des souvenirs, une émotion frissonnante. C’est l’échange d’un rêve qui devient réalité évidente. Le partage vient du coeur, de l’âme, voyage de mains habiles en instants indélébiles. La féerie est un art signé Myriam, Myriam Aït Amar.
Chez Sylvain Fezzoli
L’Atelier sur la rivière.
Céramiste poétique, inspiré par la lumière.
Sylvain est d’une sensibilité remarquable et remarquée.
Dans son atelier bordé d’une petite rivière, cheminent avec son instinct créatif, les petites vagues de cette source inépuisable de vie. La vie qui le porte, comme son destin qui l’a amené jusqu’ici.
Il était dans l’éducatif, responsable d’un service d’intégration de vie. Lors d’ateliers avec ses jeunes, il a rencontré la terre, puis dans ses essais la porcelaine et sa finesse ont fini par définitivement l’apprivoiser. Nouveau départ. « Mes deux vies se ressemblent quelque part. Dans l’éducation, il faut mettre un cadre puis le remplir d’émotions et d’amour. C’est ça aussi aujourd’hui. Je crée avec
de la technique et j’y mets mon coeur. » Sylvain joue avec la transparence de la porcelaine quand elle embrasse une lumière.
Les lignes verticales sur ses créations sont son empreinte, son univers à lui.
« Cela me rappelle les jupes plissées de nos grand-mères,
le tutu de la danse classique, c’est élégant. » Lui qui voulait faire clown quand il était petit, n’oublie pas de noter la fameuse collerette du bonhomme au nez rouge, plissée elle aussi, qui a du le marquer inconsciemment. Il raconte sa méditation créative quand il appose ses lignes avec précision. Au résultat, les oeuvres de Sylvain sont d’une douceur lumineuse qui apaise. Les formes rondes de ses luminaires,
ses photophores… en font des objets cocoon et rassurants. Le jeu d’ombres et de lumières vit avec, comme l’émotion de cet artiste attachant au génie créatif éclairé.
Sylvain Fezzoli, l’Atelier sur la rivière
Céramiste – Créateur de luminaires
06 86 88 84 43
5 rue du Pont Romain
14620 Morteaux-Couliboeuf
www.ateliersurlariviere.fr