Haut

Essalam Aleykoum

Ce n’est pas la première fois que je pars dans ce pays où tout semble possible. En février, il y a 2 ou 3 ans, puis les autres fois se sont enchaînées tant j’ai apprécié sa compagnie. J’ai testé avril et mai – les meilleurs mois car il y fait 30 degrés et en bord de mer, c’est vraiment parfait. Ou encore septembre, il y fait plus chaud, jusqu’à 42 degrés. Nous sommes partis en amoureux, entre amis pour faire la fête, en famille avec les enfants ou aussi avec les parents…

Finalement, je me dis que Dubaï est faite pour toutes les configurations et peut-être « même » pour presque tous les porte-monnaie. Bon ! il est vrai que je ne pense pas qu’elle ait une offre « camping » ou alors avec robinetterie en or. Allez ! je blague. Je confirme, elle n’en a pas. Dubaï fascine pour ce qu’elle est ou pour ce qu’elle n’est pas. Pour moi, elle n’est pas plus chère qu’un NY, qu’un Paris ou qu’un Bali lorsqu’on la côtoie. C’est une belle orientale à la fois extravagante par la richesse de son offre, confidentielle par le silence de son désert ou populaire par ses souks. Alors « Essalam Aleykoum » comme on dit là-bas.

Rendez-vous en atmosphère

On roule depuis quelques minutes et je l’aperçois au loin, dans la nuit, magnétique, avec ces lumières blanches qui clignotent comme pour dire « hey, regarde-moi ». Elle n’en a même pas besoin, elle fend le ciel du haut de ces 828 mètres.

C’est Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde.

C’est lors de mon second voyage aux émirats que j’ai eu l’occasion d’y monter. Il faut réserver par internet les billets pour se rendre à l’observatoire du 124e étage et avoir une vue à couper le souffle sur Dubaï. Pour vivre cette expérience autrement, nous avons opté pour un cocktail à l’Atmosphère, son lounge. Le prix de la consommation, c’est le prix du billet ce qui implique qu’il ne vaut mieux pas consommer un café si vous voyez ce que je veux dire. Bien apprêtés puisqu’il s’agit d’un endroit au dress code affirmé, nous entrons d’un pas certain dans l’hôtel Armani qui occupe le bas de la tour.

Deux charmantes hôtesses valident notre tenue et nos invitations. Nous sommes beaux, nous sentons bons, nous sommes prêts à grimper tout là-haut. à 442 mètres ! L’ascenseur ouvre ses portes. Il annonce l’étage 123 que nous atteignons en un peu plus d’une minute à peine à raison de 2 étages seconde.

Arrivés à destination, nous prenons place dans ce très bel espace complètement vitré qui offre une vue panoramique sur la ville. Il est 17h30. Le soleil orangé doré se couche sur Dubaï, sa Sheikh Zayed Road – son artère principale –, sa creek qui sépare l’ancien et le nouveau Dubaï – et son désert plus loin. Chaque gratteciel revêt ses lumières pour préparer sa nuit. Si l’on se concentre un peu, on sent très légèrement l’ondulation de la tour. C’est déroutant. Il ne faut pas trop y penser pour ne pas se faire peur. Nous sommes si haut et si peu de chose. Mieux que le Cosmopolitan de Sarah Jessica Parker dans Sex and the City, c’est un cocktail à la feuille d’or que je commande. Tant qu’à faire, autant sortir le grand jeu ! C’est unique et c’est maintenant. La vue, l’endroit, le cocktail, être ensemble. à nos pieds, Dubaï la magnifique avec ses fontaines qui, vues d’en haut, dessinent les arabesques d’un tattoo qui s’illumine crescendo pour s’évanouir dans un nuage de brumes d’eau. Les verres sont déjà vides. Un dernier regard. Le soleil s’est couché, il est temps de redescendre sur terre.

Parler de Dubaï sans parler de shopping c’est comme imaginer le cliché du français sans béret et sans baguette. Qu’il s’agisse d’outlets, de souks, du Mall Emirates – celui avec sa propre piste de ski et les pingouins que les enfants ont pu caresser en avril dernier – ou encore du Dubaï Mall, impossible de ne pas se laisser tenter car ici, le mall n’est pas seulement un espace commercial mais c’est une ville dans une ville. Au-delà des bars à chicha, cafés, restaurants, cinés, souks de l’or, aires de jeux, food court… il ne s’agit pas seulement de faire du shopping à Dubaï Mall mais de vivre une véritable expérience qui peut faire mal aux pieds et au porte-monnaie. Implanté au pied de la Burj Khalifa, c’est le plus grand centre commercial au monde et le plus visité avec ses 1200 boutiques, des petites marques aux plus grandes maisons de prêt-à-porter agencées en Fashion Avenue où virevoltent des milliers de papillons blancs suspendus dans les airs…

L’aile high tech avec tous les derniers gadgets tendance ou le level shoes dont je suis fan ! et oui, j’assume, je suis une fille qui adore les chaussures !

Il y en a de toutes les marques, toutes plus belles ou originales les unes que les autres. Des dernières sneakers Adidas en finissant par les derniers escarpins Saint Laurent, tout est fait ici pour le plaisir des yeux. Il y a aussi cet incroyable aquarium, au rez-de-chaussée. On en fait le tour gratuitement et le tour est grand puisque sa vitre est la plus grande au monde avec plus de 30 mètres de long devant laquelle on s’agglutine pour regarder, admirer, s’exclamer. Avec ses un million de mètres carrés, on peut y faire un tour en bateau à fond transparent ou en sous-marin monoplace, plonger parmi les requins et les raies géantes ou encore – dernière attraction – admirer de belles sirènes qui font le show aquatique, leur longue chevelure ondulant telle une peinture de Klimt.

Tout prêt, c’est le magasin de bonbons le plus… du monde bien sûr ! Ici, c’est un arbre géant aux centaines de sucettes suspendues sorties tout droit du clip California Gurls de Katy Perry pour faire saliver, du Bruno Mars dans les oreilles pour la bonne humeur, des murs tapissés de haut en bas de sucreries en libre service, des barbes à papas multicolores sculptées en forme de fleur, … C’est comme chez Ikea, on y rentre pour 3 euros et on en ressort avec… à défaut d’acheter des chaussures, les bonbons sont toujours un bon investissement surtout quand on balade les enfants.

On pourrait en décrire et en écrire encore et encore…

pour les grands comme pour les petits. Mais mon show favori, ce sont The Dubaï Fountain. Pour les admirer, nous préférons nous attabler à la terrasse de restos qui les surplombent. Pas de résa donc c’est au p’tit bonheur la chance. Elles dansent pour vous toutes les 30 minutes, chaque soir, à partir de 19h, au pied de la belle Burj Khalifa. L’étendue d’eau scintille tout d’abord quelques minutes pour avertir que le spectacle va commencer. Puis la musique résonne et perce la foule qui a grossi. Sur un air de Michael Jackson, de musique orientale ou classique, elles s’élèvent jusqu’à plus de 250 mètres de haut. Elle dansent, se dessinent, ondulent, montent et descendent pour s’évanouir… C’est spectaculaire. C’est magnifique. C’est waow à chaque fois.

Une journée à Abu Dhabi,
entre prières et cappuccino
à la feuille d'or

Je ne suis pas passionnée par la visite d’édifices religieux cependant il faut bien admettre que certains valent le détour et la grande mosquée d’Abu Dhabi fait partie de ceux-là. C’est la plus grande des émirats

Arabes Unis et la seule que l’on puisse visiter gratuitement parmi les 200 mosquées locales. Pour y entrer, les femmes doivent porter une abaya, grande robe à manches longues qui tombe jusqu’aux pieds et se couvrir les cheveux d’un foulard. Les hommes, quant à eux, portent pantalons et manches courtes ce qui – au-delà du respect du lieu – est un considérable avantage lorsqu’il fait très chaud, croyez-moi ! C’est ainsi vêtus qu’on se présente à elle… Pour l’occasion, nous avons fait appel à une guide française expatriée aux E.A.U. Elle nous raconte et c’est fascinant. La tête levée, nous admirons ces extraordinaires lustres de 8 mètres de diamètre tandis que nos pieds nus foulent la fraîcheur que nous offre le marbre blanc de Carrare orné de motifs floraux dessinés à Milan. « Ici, nous sommes dans la salle de prière. Ce tapis persan est le plus grand ouvrage artisanal au monde ; il a été réalisé par 1200 tisseuses iraniennes et pèse 47 tonnes… ce mur rassemble les 99 noms d’Allah… orné de feuilles d’or et pierres précieuses… il y a plus de mille colonnes… les prières que vous entendez proviennent de la tombe de Sheikh Zayed ; elles sont dites nuit et jour… les dômes sont indépendants du reste de l’édifice car en cas de tremblement de terre, ils ne s’effondrent pas sur l’ouvrage… Des artisans et ingénieurs des quatre coins du monde ont travaillé ici… C’est une prouesse architecturale. »Au-delà de l’histoire, du gigantisme, de la noblesse des matériaux, de l’architecture entre tradition islamique et modernité… Il a quelque chose ici de plus grand et qui n’a pas de prix. Pour le ressentir, il faut le vivre car en fermant les yeux aujourd’hui encore, m’envahit très clairement la quiétude de ce lieu emblématique et cette connexion au ciel…

Après avoir quitté la grande Mosquée, nous nous restaurons au Tiara, le restaurant revolving du Mall. Le concept est simple : on déjeune et pendant ce temps, la terre tourne… ou le restaurant tourne à vrai dire pour offrir aux clients une vue changeante d’Abu Dhabi à 360° en une heure environ. C’est abordable, c’est très bon et original. Une fois le petit kawa terminé, direction la marina pour une virée en mer d’une heure trente environ avec la compagnie YellowBoat. C’est Captain Danny – un gars qui a la punch attitude – qui nous accueille à bord, nous installe et vérifie que tout le monde est bien « harnaché ».

Et c'est parti !

Cheveux dans le vent version Marge Simpson, on file, à fond les gaz, sur l’eau pour découvrir la ville, la côte et quelques îlots alentours. Le trip est bien rodé. On aperçoit d’ici l’Emirates Palace, autoproclamé hôtel 7 étoiles. C’est l’ancien palais du roi transformé en hôtel de luxe sorti tout droit d’un conte des mille et une nuits. L’édifice est très beau de l’extérieur comme de l’intérieur. On en visite gratuitement une partie, le reste – avec ses jardins, sa piscine, sa plage privée – étant réservé à sa clientèle. Ici, c’est simple, tout n’est qu’or. Dans les moulures, les stucs, les poignées, les tenues du personnel. On peut même le retirer en lingot, dans un distributeur… ou le boire en cappuccino ! Comme c’est l’heure du goûter, on se dit « pourquoi pas ! ». Sauf que ce n’est pas un simple cappuccino mais une véritable expérience gustative que l’on s’apprête à vivre. Nous attendons patiemment le sésame, sagement assis comme des enfants attendent leurs sucreries. Il y a un rituel, on le voit bien. Un plateau en argent, des serviettes blanches brodées d’or, des petites cuillères en argent et un service en porcelaine… presque british. Un service à la française, entre élégance et raffinement mais sans bling-bling attitude.

On nous dépose nos deux cappuccino magnifiques à regarder, poudrés d’or avec générosité, dont la crème de lait et celle du café sont savamment mêlées dans un dessin reprenant le logo du palais. On goûte. Il est parfait. Ni trop chaud, ni trop froid. Tout simplement parfait.

Au delà de la Creek,
un rendez-vous au vieux Dubaï

On se fait déposer en taxi au Musée que l’on peut visiter mais qui pour ma part n’a pas vraiment d’attrait. Nous longeons la creek à pied jusqu’au Souk Al Kabir pour déjeuner au « restaurant monument » Bayt Al Wakeel. C’est l’une des plus anciennes adresses de la ville. Ce n’est pas le meilleur pakistanais que j’ai goûté mais l’endroit vaut un petit détour. On y mange au-dessus de l’eau si j’ose dire, sur une petite terrasse « bateau ». Ensuite, c’est place au souking. Ici, c’est comme à Marrakech avec peut-être une communauté indienne plus présente, habillée de ses costumes traditionnels aux couleurs chatoyantes. Après quelques heures dans les petites ruelles à négocier épices, lanternes, babouches et tenues d’Esmaralda, abayas, keffieh – foulard que portent les hommes et que nous utilisons en tant que chèche –, dishdashas – longue robe blanche porté par les émiratis –, des chichas, des saris, de nombreuses écharpes en soie ou en pachmina, toutes plus authentiques les unes que les autres et toutes pas chères d’après le vendeur qui nous alpague en nous invitant à rentrer dans sa petite caverne d’Ali Baba… Nous continuons notre visite par un petit tour en abra – embarcation traditionnelle – pour aller au souk de l’or pour jeter un oeil à la plus grosse bague du monde. Pour le reste, le style des créations date de l’époque byzantine si j’ose dire mais l’or n’est pas cher, c’est vrai ! Le soir se couche déjà, c’est l’heure de la prière. Le quartier de Bastakiya – dont nous aimons parcourir les ruelles – s’habille de couleurs mordorées. On va ici de tour à vent en tour à vent, de petits magasins de poterie et de tapis traditionnel aux échoppes d’artistes qui calligraphient à la main votre prénom. Un petit arrêt obligé à la galerie XV pour un apéritif et une visite des artistes qu’elle présente signe notre dernière halte dans le vieux Dubaï.

Nous rentrons à l’hôtel. Ce soir, nous irons voir une dernière fois danser les fontaines au Dubaï Mall avant de repartir pour la France.

Nous avons encore bien d’autres souvenirs comme le bashing dans le désert où les cris des passagers retentissent dans ma tête lorsque le 4×4 dévale les dunes de sable en les surfant ou encore la beauté de la danseuse du ventre qui ravie nos yeux ce soir-là après un dîner traditionnel parfait sous les étoiles. Je garde aussi en mémoire la quiétude de ce lever du soleil, en montgolfière, sur les dunes qui s’éclairent une à une et où tout est silence… Et plus, plus et plus encore, je pourrai raconter…

Bienvenue à Dubaï, le pays où tout semble possible.

BLOSSOM #05 AUTOMNE/HIVER 2017
essalam aleykoum
Flen, 43ans
Pau