Créateurs haute bouture

C’est peut-être un comble pour des fleuristes, mais Guy Labaste et Bertrand Le Moulec n’aiment pas qu’on leur jette des fleurs. Leur modestie doit-elle en souffrir, ils sont pourtant entrés dans le saint des saints de l’artisanat : la catégorie Meilleur Ouvrier de France en 1986 pour le premier et coupe de France des fleuristes en 1995 pour le second.

Leur boutique est à leur image, à la fois chic et décontractée, conçue comme un intérieur, où se mêlent brassées de fleurs fraîches, feuillages et branches, plantes vertes, cactus et autres objets de décoration, avec un maître mot « aimer les fleurs ». « Dans mon village, non loin d’Orthez, nous avions un petit jardin où les carrés potagers étaient ponctués d’arbres fruitiers. Petit, j’adorais planter », se souvient Guy. Quelques années plus tard, c’est Jean-Louis Lurdes qui lui ouvre les portes de l’excellence. « Il participait à la coupe du monde des fleuristes, on était dans une autre dimension. Avec lui, j’ai appris toutes les techniques de base. » Autodidacte, Bertrand, originaire de La Rochelle, l’est aussi. « Après le Bac, j’ai rencontré mon épouse. Je faisais des études pour m’occuper de terrains de golf. Elle était passionnée de fleurs. Elle m’a transmis le virus ! D’ailleurs, elle est aussi fleuriste. » Il enchaîne les formations et se retrouve à Angoulême chez une bouquetière qui le met en contact avec Guy. Pari réussi. Il continue les concours et tente celui de Meilleur Ouvrier de France. Il est sélectionné pour la finale à Strasbourg. « Un caméraman m’a renversé mon épreuve et toute pièce qui tombe à terre est disqualifiée d’office. » Mais cet incident malencontreux lui donne le mordant pour repartir de plus belle.

Du sur-mesure et un sens aigu de la créativité

Bertrand va à l’essentiel. Guy se qualifie de pinailleur. Les deux ont des goûts bien affûtés et une exigence sur la qualité de leurs produits : « nos fleurs viennent principalement de Hollande, mais aussi du Maroc, d’Israël, de France. Nous achetons en fonction de la saisonnalité et mettons un point d’honneur à privilégier les produits d’un même milieu naturel. Nous travaillons avec des horticulteurs soucieux de leurs employés et de l’environnement. » Ce savoir-faire, ils le mettent au service de particuliers, à coup de bouquets romantiques, naturels et vivants, de fleurettes de saison, de feuillages sauvages, de branches d’arbres fruitiers en éclosion, joliment orchestrés, délicatement pensés. « Nous sommes à l’écoute de notre clientèle et proposons des compositions en fonction de leur décoration, d’une personnalité, d’un événement à fêter », explique Guy. Bertrand est plutôt classique, voire baroque, avec des influences ethniques. Moi, je suis bloqué sur le design. » Ce duo complémentaire et atypique a d’ailleurs séduit l’agence d’organisation de mariages Carré Rouge avec laquelle ils collaborent régulièrement, et sont affiliés Interflora. Jouer avec les tendances et varier les techniques, tel est le credo de ces amoureux de la plante qui donnent avec une humilité créative un sens aux essences.

When floristry becomes fine art…

It might seem ironic for a pair of florists, but Guy Labaste and Bertrand Le Moulec don’t like people to gild the lily when talking about their work. But in spite of their modesty, they now belong to the crème de la crème of craftsmanship: Guy won the title of Meilleur ouvrier de France in 1986, and Bertrand the French florists’ cup in 1995.

Their boutique reflects their image; a smart-casual interior filled with armfuls of fresh flowers, foliage and branches, green plants, cacti and other decorative objects, and their leitmotiv “love flowers”. “In my village, not far from Orthez, we had a small garden where the vegetable plots were interspersed with fruit trees. When I was little, I loved planting things,” Guy remembers. A few years later, Jean-Louis Lurdes helped him along the road to excellence. “He was competing in the florists’ World Cup, and it was like being in a different world. He taught me all the basic techniques.” Bertrand is from La Rochelle and also self-taught. I met my wife after my A-Levels. I was taking a course in golf-course maintenance and management, and she was mad about flowers. I soon caught the bug! Actually, she’s a florist too.” He continued training and studying, and ended up in Angoulême working for a florist who introduced him to Guy. They hit it off immediately. He continued to enter competitions and decided to try for the meilleur ouvrier de France, and was selected for the finals in Strasbourg. “The cameraman from TF1 knocked my work over, and any creation that falls to the ground is automatically disqualified.” Enough to dishearten the most pragmatic of competitors, but in fact the unfortunate incident only served to galvanize Guy’s determination to continue creating.

Customized creations and a flair for creativity

Bertrand goes straight to the point, while Guy is a self-confessed hairsplitter. Both men have very refined taste and high standards regarding the quality of their products: “most of our flowers come from Holland, but also from Morocco, Israel and France. We buy them according to the season and pay particular attention to having products from the same natural environment. We work with horticulturalists who care about their employees and the environment.” They put all their know-how into the romantic bouquets they create for their customers; natural, thriving, an assortment of seasonal florets, wild foliage, branches from fruit trees in bud, all beautifully combined and thought out with finesse. “We listen to our customers’ needs and suggest floral arrangements to suit their decor, personality or a particular celebration,” Guy explains. “Bertrand’s style is more on the classical, even baroque, with ethnic influences, whereas I am focused on design.” The complimentary, singular duo succeeded in winning over the wedding planner agency Carré Rouge, and now works for them on a regular basis. Their boutique is also an Interflora affiliate. Playing with the latest styles and varying techniques are the principles that drive these plant lovers who, with creative humility, give meaning to the different flower varieties.