Est-ce bien raisonnable de courir encore du côté du Berry ? À quel motif ? Sous quel prétexte ? Pour s’enfoncer profond dans cette file d’attente qui fait la légende de cette brasserie paloise emblématique ? Se demander si l’assiette en vaut la peine, alors même que là n’a jamais été vraiment la question ?

Et bien oui

Le Berry existe depuis 1934, fondé par le paternel de Jacqueline Ticolat, figure paloise octogénaire qui a vendu le lieu, en 2006, à François Tillos, avec sa bénédiction. Depuis peu, l’endroit est allé se lover à quelques mètres de son ancienne adresse, sur la place Clémenceau, « plus grand et plus beau », dans une superbe déco flirtant entre l’ancien et le renouveau, signée Vincent Pavlic. Ici, comme dans une scène du film Garçon ! de Claude Sautet, les tables sont bondées, les serveurs ont l’oeil partout, les plateaux se faufilent, les cuillères tournent dans les tasses à café, les regards se croisent à chaque nouveaux arrivants, et on discute de bon coeur avec ses voisins de toutes les classes, de toutes les gueules. La troupe du Berry connaît son boulevard par coeur, un brin cabotine et rodée à la mécanique impeccable. Dans cette valse à quatre temps, il n’y a plus qu’à choisir entre les 24 entrées, les 80 plats et les 28 desserts que composent la carte, « tous faits sur place » précise François. OEufs mimosa, filets de harengs avec pommes de terre chaudes, saumon frais grillé, sauce béarnaise, frites maison, Chateaubriand Béarnais, mousse au chocolat… Avouons que ces mets s’avalent comme un best-seller. Sans oublier que de 11h à 15h et le soir jusqu’à 23h30, François a eu l’idée de monter une petite structure indépendante « afin de dynamiser la place ». Un food truck à l’allure vintage créé par l’agence Bliss et co-géré par Manuel Lafuente. Ici, croque-monsieur, paniers gourmands et verres au vin proposent un nouveau terrain de jeu à une clientèle de plus en plus nombreuse. Le Berry ? Un bouillon qui ne connaît pas la crise.