C’est au 44 de le rue Joffre que le joaillier-créateur Philippe Pagès a pris ses quartiers palois. Une première boutique toute en lumière, orchestrée par sa femme Karen. L’occasion de remonter le fil d’or de ses souvenirs joailliers et de suivre les pas de cet artiste inspiré.

Philippe Pagès est entré dans le monde de la joaillerie comme on entre en religion. Petit, il voulait être ébéniste « J’adorais réaliser des maquettes, j’avais une passion pour le dessin ». Mais c’est grâce à sa mère qui lui décroche un stage en fin de troisième chez un bijoutier que le déclic s’opère. Depuis, rien n’est venu démentir cette vocation. À 14 ans, le biterrois part à Valence suivre un CAP Bijouterie-Joaillerie. À 17 ans, il décroche la 3e place dans la finale nationale des « Olympiades des métiers » en bijouterie-joaillerie, « le concours dont je suis le plus fier ! ». À la fin de sa cinquième année, Brevet des Métiers d’Art du Bijou et du Joyau en poche, il rêve de faire ses armes à Paris, dans l’une des luxueuses boutiques de la place Vendôme. Mais le service militaire l’attend et il doit remettre cette idée à plus tard. C’est alors que son père décède et qu’il devient soutien de famille. Dispensé, il décroche un poste à Vernon, dans l’Eure, chez l’artisan joaillier- créateur Bossard. « Ce n’était pas Paris, mais je m’en rapprochais ». Il y apprendra l’amour de la rigueur, la technicité et plus encore la fraternité. En 2005, il entre chez Dorsey, atelier de haute-joaillerie en charge de réaliser des pièces uniques pour Chanel, Van Cleef and Arpels ou Cartier. « Il n’y a pas de bijoux sans ivresse, disait Paul Eluard, il faut avoir une approche visionnaire. » Las de mettre son talent au service des plus grands, il rejoint Karen à Pau où il monte en mars 2013 un atelier de soustraitance. Mais son désir de monter sa propre maison ne le quitte pas : « Je voulais élaborer des créations sur-mesure où se manifestent des émotions singulières, inséparables de la complicité que je crée avec mes clients »

Maîtrisant matières et volumes, arabesques et volutes, baroque et formes épures, jouant avec les couleurs, il crée, sculpte, façonne au gré de ses inspirations.

Ce qu’il aime par dessustout c’est privilégier la pierre de centre « Je suis dans l’élégance ». Lorsqu’il achète une opale, un saphir ou une émeraude « c’est par coup de coeur ». Il faut qu’il l’aime. Ses multiples prouesses techniques sont autant de gestes poétiques qui expriment l’émerveillement d’un monde. Son monde. Celui qui va chercher la valeur esthétique d’un objet pour raconter une épopée personnelle « Nos clients nous ressemblent, ils ont tous une histoire. » Philippe Pagès oeuvre encore aujourd’hui en artiste de l’ombre pour des grands bijoutiers de la région et propose aussi dans son écrin lumineux de jolies marques comme les bijoux haute fantaisie en argent rhodié GL Altesse, les montres Pierre Lannier et en exclusivité la collection de Nina Ricci. En attendant que le temps suspende son vol et qu’il puisse se consacrer à ce qu’il a toujours voulu : créer.